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Le Naïf dans le Monde
9 mars 2020

Civisme et chauvesouris 5 Farniente 3

 

29 mars

Ça me gêne cette appellation à la noix de Covid19. Ça fait sérieux mais  affublé de ce nom-là, ion ne peut pas vraiment devenir copain avec lui. Dans ce nom il y a du morbide et du rabide ; et 19 ça vient d’où, l’année sans doute comme pour un cru millésimé. ?

Non, moi, je pense qu’on devrait lui donner un nom plus familier, quelque chose comme Coco. Après tout nous sommes son hôte et il ne s’apprivoisera pas si nous continuons à l’appeler d’un nom sans douceur. De plus ce coco marche dans les deux sens : très affectueux, viens mon p’ti coco, faire bisou à mémère ou plus sérieux, s’il se conduit mal, arrête donc, sinon tu vas voir mon coco !

Adopté ?

Donc maintenant c’est not’Coco.

Coco me brouille les idées. Je fouille, aucun ordre, que du vrac, des touches, des taches, de l’impressionnisme. Un panier dans lequel je tire au hasard.

Un sommet. On se dit, c’est trop beau pour être vrai : Martinez veut sa grève je ne sais plus quand, pour je ne sais plus quoi. Il est essentiel qu’il maintienne son préavis car nous pourrons mesurer le degré de confusion de son discours et l’adhésion des adhérents à cette insulte à l’unité que nos pauvres dirigeants attendent de nous-tous.

Car enfin, il demande quoi, aux agents d’EDF ? D’arrêter la production. Et aux cheminots de ne plus faire rouler les trains, comme si not’ Coco ne s’en était pas déjà chargé. Appeler à la grève dans un pays à l’arrêt, cela ressemble à un suicide syndical. Ou pas.  Du délire anarcho-trotskyste du camarade Martinez, les personnes qui modèrent leur propos disent « indécences ». Je dis noyade.

Ceci étant dit, nous sommes toujours libres d’avoir une opinion sur la manière dont la crise est gérée, en gardant présent à l’esprit que personne ne peut dire ce qu’il aurait fait s’il avait été, lui qui cause, dans le bureau du Divin Enfant. Et libres de l’exprimer.

D’ailleurs, souvenons-nous, le 15 mars, une éternité, pour une fois je félicitais le Président pour avoir sur cette crise écouté les experts ce qui n’étais pas le cas sur d’autres dossiers.

Je ne pensais pas alors que le monde des experts en matière de santé et de gestion de crise sanitaire offrirait une mosaïque de compétences mais aussi d’opinions ne s’organisant pas en une image cohérente. Avec deux ou trois semaines de recul je me demande même si le phénomène inverse n’a pas eu lieu : le flottement naturel des responsables au gouvernement semble avoir, comme une autre contagion, infecté les comités d’experts. Surgissent des querelles de personne, des dénis, des incompétences évidentes.

Comment expliquer qu’une fraction du monde médical semble découvrir les antipaludéens de la pharmacopée et ne rien savoir des conséquences de leur consommation hors dosage.

Je crois avoir toujours su qu’à des doses à l’échelle de quelques grammes ces trucs-là sont des outils de suicide bien moins salissant que le .38 et presqu’aussi rapide.

Une remarque. On nous rebat les oreilles que des accidents surviennent  et que des personnes ont absorbé des doses dangereuses de chloroquine, prises sans doute à titre préventif, pour être sûr …Mais où avaient elles trouvé des grammes de chloroquine alors que celle-ci ne se trouve pas sur les rayons des supermarchés et n’est délivrée que sur ordonnance ?

Raoult a mis un coup de pied dans cette fourmilière et a réveillé et stimulé beaucoup de médecins et d’épidémiologistes.  Vrai ou faux, on ne manquera pas d’associer les critiques qui lui furent adressées à la décision de réaliser les essais Discovery.

30 mars

Je reprenais ma tâche. Mon propos était de revenir sur les discours relatifs aux espoirs, à la promesse d’un monde qui sera, vous le savez bien, nouveau, différent et construit « sur un autre modèle ».

Mon téléphone vibra, Le Point me convoqua et de Le Fol je lus un article. Il m’apparut que ce texte remplissait une case de mon carnet. Paresse et respect pour l’auteur, je décidai de lui emprunter son papier.

Ils ont tous récupéré le coronavirus ! Écologistes, nationalistes, anticapitalistes…

 

Tous voient dans cette crise la confirmation de leurs présages et la validation de leurs théories.

 

Ce coronavirus, ils l'avaient tous venu venir. Les guerres engendrent des combattants de la 25e heure. Cette pandémie réveille les inspecteurs des travaux finis. « Je vous l'avais bien dit ! » entonnent-ils à tour de rôle. À croire que cette tragédie valide toutes les théories, confirme tous les présages. Écologistes, nationalistes, socialistes, souverainistes ont réponse à tout. Les scientifiques tâtonnent encore. Nos donneurs de leçons, eux, voient clair. On découvre chez certains d'entre eux des ressources insoupçonnées. Ainsi Marine Le Pen nous avait caché sa connaissance de la chloroquine.

 

Le Festival de Cannes n'aura pas lieu, mais celui des biais cognitifs bat son plein. « La nature nous envoie un message […] Le coronavirus constitue une sorte d'ultimatum », assure Nicolas Hulot avec des accents millénaristes, comme s'il venait de croiser des extraterrestres sur la plage de Saint-Lunaire. Les décroissants se réjouissent de cette vie réduite à ses plus élémentaires fonctions. Ils déplorent seulement qu'il y ait encore de l'électricité. Les anthropophobes se disent, en voyant toute cette population confinée le nez à la fenêtre : « Bien fait pour l'homme. » Même les cégétistes n'ont pas renoncé à la grève.

 

Les apôtres du « on rase gratis » prennent prétexte des mesures extraordinaires adoptées par l'État super-providence pour demander « Toujours plus ! ». La dette n'a jamais été un sujet pour eux. Alors, continuons à dépenser un argent que l'on n'a pas. Les anticapitalistes redoublent de hargne. Or, ce sont les entreprises du CAC 40 qui, aujourd'hui, se battent en première ligne contre la maladie en produisant et en achetant des masques et des solutions hydroalcooliques. Salauds de riches !

 

Les nationalistes voient dans la fermeture provisoire des frontières le bien-fondé de leur projet de ghettoïsation de l'humanité. Les pourfendeurs du « mondialisme » interprètent le coronavirus comme le crash de la mondialisation. Or, c'est un tsunami mondial. Les souverainistes vantent la stratégie « churchillienne » de Boris Johnson ? Leur héros, touché par le virus, a été renvoyé chez lui. Et la situation en Grande-Bretagne est très préoccupante.

 

Mais que font les technocrates de Bruxelles ? L'Europe n'a pas de pouvoirs particuliers en matière sanitaire. Et puis, le Brexit n'était-il pas la voie à suivre pour tous les peuples européens ? Les déclinistes s'en donnent à cœur joie contre la décadence de l'Europe. Sans scrupule, ils chantent les louanges du modèle autoritaire chinois. Cela ne les dérange pas de dépeindre la France comme une « dictature » et de prendre les informations distillées par le régime de Pékin pour paroles d'évangile. Là-bas, chacun le sait, l'information est libre…

 

La situation sanitaire hors normes exige une trêve des attaques politiciennes non une mise en veille de l'esprit critique. Nous avons au contraire un besoin impérieux de repenser un certain nombre de choses dans notre société : rôle de l'État, argent public, manière de travailler, rapports à la nature… Le coronavirus va-t-il changer les mentalités ? Les plus grands esprits sont à notre chevet. Soyons modestes. À ce stade, le Covid-19 ne confine pas seulement les corps, il enferme aussi les idéologues dans leurs certitudes. Or, si nous voulons sortir plus forts de cette épreuve, il nous faudra apprendre à penser contre nous-mêmes. C'est notre nouveau pari pascalien.        Par Sébastien Le Fol  Le Point 30 mars

 

La conclusion de cet article est le début du mien à ceci près que je n’ai pas appris à penser contre moi-même. J’ai assez de mal à penser tout court, avec moi-même.

Nous vivons une crise sérieuse et cette grippe qui n’en est pas une, va nous enquiquiner pour pas mal de temps. Le ralentissement de l’économie se fait sentir et s’accentuera. Nous sommes tous inquiets.

Alors chacun entonne le péan du Grand Changement et du Renouveau. Tous, des gens pas stupides, des gens cultivés et bien évidemment la cohorte des loufdingues dont Le Fol vient de nous fournir une liste, au demeurant en rien exhaustive. Le leitmotive est qu’il faut « changer de modèle », Hulot dixit. Evangile.

Et ceux qui ressassent à loisir les lieux communs sur la difficulté de concilier les forces du marché (quand elles sont bénéfiques) et le rôle de l’État, notre protection de toujours (quand il sait remplir ce rôle sans excès) et concluent eux aussi qu’il faut « changer de modèle ».

Pour la mondialisation, la question est entendue : Pas de modèle qui serve de comparaison et nous ne pouvons qu’observer le monde globalisé qui est le nôtre en essayant de comprendre comment il fonctionne, tout en reconnaissant notre impuissance à y changer quoi que ce soit, surtout avec des miettes de PIB mondial. La lutte contre le réchauffement climatique, élevée au rang de cause mondiale  met clairement en évidence que les impératifs économiques et géopolitiques prennent le pas sur les souhaits écologiques. La France est, je le crains, un des rares pays à avoir choisi de massacrer sa politique de production électrique sous l’emprise d’une idéologie incohérente. J’oublie Mme Merkel par charité chrétienne.

Pour changer de modèle, il faut qu’il y ait un modèle et que ce modèle soit bien défini. L’Europe pourrait nous en fournir l’exemple si elle ne s’enfermait dans ses propres idéologies dont son néo-libéralisme pris par le petit bout de la lorgnette, et ne se révélait incapable de faire jouer à l’euro son rôle de monnaie internationale, ni d’élaborer des politiques communes sur des sujets géopolitiques : défense, protection des frontières, attitude sur la migration. Seul le brexit a provisoirement éveillé un espoir vite étouffé par les comportements des états désarmés face à l’imprévu lors de la crise actuelle.

Là est le début et la fin de toute argumentation.

 Au plan national : le modèle existe et nous le vivons, avec des variations, des trémolos, des contrepoints, depuis, selon l’emplacement du curseur historique, un petit siècle ou un grand demi-siècle.

Ce système est très imparfait. Comme le serait tout système réellement différent, il ne vaut que par l’usage qu’en font les utilisateurs. Mais le sentiment se développe que les problèmes viennent du système et non de leur choix politiques. Avoir eu 28 ans de Mitterand et de Chirac n’est pas la faute du système, mais la responsabilité des électeurs et l’élection de Hollande n’est pas le résultat du hasard.

Que signifierait changer de modèle pour les Français ?

Se voir imposer une amorce de dictature (démocrature) par un chef de parti plus démagogue que ses concurrents et qui ne pourrait que retomber dans les ornières laissées par le passage de ses prédécesseurs. Par quelle magie pourrait-il remettre la nation au travail, refonder l’école et les enseignements professionnel et supérieur en débarrassant ce dernier de ses scories ? Comment pourrait-il élaborer une nouvelle oligarchie dirigeante qui ne soit pas la directe descendante de l’existante ? Comment pourrait-il augmenter encore le niveau des dépenses publiques afin de tenir ses promesses ?                                                                                         Les personnages qui tiennent ces langages et qui ont longtemps vénéré les Castro, Chavez et Maduro semblent être encroutés dans des luttes fin 19 ème  et première moitié du 20ème, périodes pendant lesquelles les distinctions de classe avaient encore un sens.   Nous avons affaire à d’autres clivages que les démocratures ne semblent pas en mesure de faire disparaitre.

Évidemment, il y a la Chine.

Écouter les sirènes de l’écologie-mal-digérée dont il est inéluctable qu’elle conduise à une accélération de la décroissance économique qui est déjà assez largement entamée.

Reconnaitre l’existence déjà assez largement ressentie du communautarisme comme fondement de notre pacte national. Taine, De Gaulle et bien d’autres se retournent dans leurs tombes oubliées.

Alors quoi, bavardez, bavardez, le vent fera le reste

Nous avons un outil: notre constitution (qui n’est pas un terrain de bricolage) et des mœurs politiques à l’amélioration desquelles il  faut toujours travailler. Et le véritable changement ne peut venir que notre oligarchie politique et administrative elle-même, en elle-même et sur elle-même.

Je ne leur demanderai pas de changer de modèle mais d’apporter plus de soin à la sélection de leurs  membres, de ne pas chercher à toujours grossir comme des tumeurs dans l’État et après avoir identifié les points faibles hors de toute idéologie et de toute visée politique de les traiter cliniquement.

Macron comprend il cela et peut-il encore agir ? Après le crise de Coco.

 

Bon, moi aussi je bavarde alors je me retire et Coco commence à me courir sur le haricot.

Un de ces quatre, je fouillerai à nouveau dans le désordre de mes idées en vrac.

 

 

 

 

 

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