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Le Naïf dans le Monde
13 juillet 2017

Espiègle et Autiste (1ère partie)

Hulot débite ses sottises plus vite que son ombre : je suis encore planté dans la rédaction de cette complainte sur le Plan Climat qu’il recommence à divaguer. Il va, de ses blanches mains, fermer 17 unités nucléaires de production électrique d’ici…2025. De 15 à 20 Giga, je n’ai pas encore regardé les chiffres. Il doit penser qu’un Giga, c’est une boisson énergisante, comme Red Bull, que tu peux aller acheter au marché du coin. Nous avons de la chance il aurait pu tirer la carte Tera. J’aimerais être une petite souris et observer la tête de JB Levy à l’annonce de son Ministre de tutelle. Dans le silence (assourdissant comme on dit) de Lemaire, qui est peut-être aussi Ministre de tutelle, Macron s‘occupe « en même temps » des JO de 2024.

C’est énorme.

Ce n’est plus « Sonnez hautbois, résonnez.. », c’est « Dormez en paix, Bonnes gens, le guet veille ».

11 juillet 2017

Une fusée à trois étages : trois discours « fondateurs »

Espiègle et Autiste

Pour Macron, ce lundi, je suis forcé d’avouer que j’ai manqué de souffle ; ou peut-être étais-je occupé à quelque activité jugée plus importante. Suis-je à moitié pardonné ? Heureusement les commentaires des commentateurs m’ont offert un cours de rattrapage : l’exégèse suffit-elle ?

Sur le chemin de la pénitence, ce mardi, j’ai écouté très attentivement Édouard Philippe. Il énumérait un très long inventaire sur ce que ferait son gouvernement au plan des dépenses et de façon moins précise au plan des réformes et des économies. Ma surprise, à l’écoute de ce programme était que le mot Énergie n’avait pas été prononcé et que la seule décision annoncée visait à ne pas octroyer de nouveaux permis d’exploration d’hydrocarbures sur les territoires de la République. Mon sang n’a fait qu’un tour.

Voir : l’article récent : « Sonnez hautbois, résonnez musettes » du 5 juillet.

Émoi de courte durée : la parole du Premier Ministre est dans l’instant complétée par l’adresse du Ministre de la Transition Écologique qui présente un Plan Climat qui est « en même temps » le programme Énergie du gouvernement, absent du discours de Philippe.

Rassuré, je suis : l’Énergie n’est pas oubliée. La Force est avec nous.

Comme ses deux prédécesseurs, Hulot prend son temps et le nôtre. Une heure. Il est vrai qu’il nous dit beaucoup de choses. En réalité pour que lui aussi, invente un monde nouveau c’est peu et même on pourrait penser que pour un programme aussi vaste il serait utile de rentrer plus avant dans les sujets. Fini les temps où le Monde pouvait se créer en 6 jours avec un unique repos dominical. (1)

J’écarte les critiques qui seraient formulées sur la qualité de l’expression de notre Ministre : il n’a pas fait Science po  et l’ENA ; cela se voit ou plutôt cela s’entend mais qui se plaindrait vraiment d’écouter, pour une fois, un personnage public qui n’ait pas été formaté dans l’Allée Royale. Il est comme il est. Se confirme l’idée que, à l’époque où il gambadait de parapente en montgolfière, Mme Cantien devait lui préparer les petits textes qu’il débitait d’une voix haletante. D’ailleurs le lecteur intéressé par mes remarques, plutôt que de subir le pensum de l’audition du Plan Climat comme exposée par l’espiègle ministre préférera la lecture du Dossier de Presse. Il y passera moins de temps et il comprendra mieux l’ambition du personnage.

Qu’il me soit permis de changer d’avis. Il faut écouter Nicolas Hulot car rien dans la lecture de l’énumération du Plan ne permet de mesurer l’intention et la portée messianique du projet. On est frappé, au demeurant par le contraste entre l’ampleur du propos et la banalité gauche (je n’ai pas dit vulgarité) du ton et de la langue.

Hulot n’hésite pas : sa mission est d’obtenir « un saut qualitatif de l’humanité » ; le sujet qu’il aborde « prime sur tous les autres ». Il aborde cette mission « comme un funambule, qui ne doit pas regarder ses pieds mais qui doit regarder au loin ». La France doit prendre sa part dans cette grande transformation (le saut qualitatif) et H. « espère que des partenaires vont nous accompagner ». Comment pourrait-on en douter ? Au passage, en prime, cette action permettra de réparer de nombre « d’injustices accumulées » qui résultaient des modes de développement des temps révolus.

Il est facile de se moquer de cette emphase et du rôle que s’attribue notre sympathique histrion-présentateur. La première réaction conduit à penser qu’il endosse un vêtement un peu large pour lui et qui jusqu’alors n’a été portée que par des saints ou des tyrans implacables. Le casting, comme on dit, n’est pas le bon : même oint par le Divin Enfant, même avec la bénévolence du Prince Philippe, Hulot ne peut jouer longtemps le Prophète d’un ordre nouveau. On entend dans son propos des accents du Wilson de la Ligue des Nations. Son propos est ambitieux. Il s’agit de convaincre le « concert des nations » d’entrer définitivement dans le monde qui se privera  des énergies fossiles et en filigrane s’interdira l’électricité nucléaire. C’est de l’ascétisme énergétique XXL, sans prononcer le mot décroissance. (2)

Et, « en même temps » le funambule prend en compte les contraintes ordinaires de la vie politique mondiale ordinaire : démographie, tensions politiques et religieuses, inégalités nord-sud ; bref la totale. Le Plan couvre le spectre de l’action publique du puits foré au sahel par le bénévole (forcément suédois) jusqu’à l’accord de paix entre Trump et Kim.  Sans oublier la paix sociale chez nous.

Je reconnais, j’exagère : il ne mentionne pas Kim ; peut-être ce dernier est-il déjà acquis à la cause ?

Par contre (3), il a bien noté que Trump fait cavalier seul mais la persuasion du Divin Enfant finira bien par agir sur le Président américain ; et sans le moindre doute ce dernier mettra tout en œuvre pour « rentrer dans les clous » et atteindre (avec les chinois) le graal de la « neutralité carbone ».

Assez de persiflage. Soyons sérieux. (4)

Le Plan Climat concerne le Climat. Il s’agit de rester dans la limite de hausse « acceptable » de la température mondiale telle que Paris 2016 l’a gravé dans le marbre de la COP 21 : Deux degrés d’ici…, mais je crois entendre que un degré et demi, ce serait mieux.

Je ne fais pas partie des climato-sceptiques et je crois volontiers que les émissions de GES depuis le 19ème siècle ont contribué à l’effet que nous mesurons maintenant. Ces émissions de GES ont eues également comme conséquence de faire passer la population du globe de un milliard (5) en 1800 à 7 milliards au moment où j’écris ces lignes. Sur ces 7 milliards, une moitié environ vit encore, selon nos critères de façon précaire.

J’admets donc qu’il n’est pas illogique de souhaiter ralentir cette course de l’humanité dans la consommation d’énergie et dans une croissance démographique que le Plan ne mentionne pas

Il me semble également important d’économiser les ressources qui restent afin de simplement survivre le plus longtemps possible : ce point de vue me parait indiscutable et  dans les arguments du Ministre, je trouve étrange qu’il n’apparaisse pas. Faire le meilleur usage, le plus longtemps possible des énergies fossiles résiduelles me parait être une raison suffisante pour envisager des démarches d’économies et de meilleure utilisation. « Pourvu que ça dure », aussi bien que « Pourvu que ça cesse ».

Ce Plan Climat repose sur trois postulats sur lesquels s’édifie le projet de transition écologique.

Les EnR peuvent se substituer aux Énergies fossiles de façon significative pour atteindre l’objectif de la Neutralité carbone.

Les Nations du monde partagent cette vision et cette « croyance ». Le projet est universel.  De plus les Nations du monde partagent toute la conception étatique et colbertiste du rôle de l’État dans ces matières

L’Énergie, production, transport et consommation ne s’inscrit pas dans le Marché au sens le plus général du terme et les États pourront imposer le projet aux populations et au tissu économique, ce qui signifie, en accord avec les acteurs économiques essentiels de demander

-aux plus riches de consommer moins ; mieux dit le prophète.

-aux autres de ne pas vouloir rejoindre rapidement le groupe des nantis et de le faire de façon compatible avec le projet.

 

Premier sujet

 

Les Énergies solaires et éoliennes peuvent se substituer (remplacer) de façon significative les Énergies fossiles.

Dans les énergies fossiles, j’inclus le Nucléaire, lui aussi couvert d’opprobre.

 

Énergie monde 2014

Énergie primaire et consommation mondiale 2014

 

Dans le fromage de gauche, on voit au sommet du cercle une tranche grise (la seule pour laquelle, on n’indique pas le pourcentage) qui représente 1.1 % du total de l’énergie primaire produite dans le monde en 2014 : c’est la production éolienne et solaire. Les énergies fossiles représentent 91.3 % du total.  On voit aussi que le fromage de droite, celui de l’énergie effectivement utilisée (facturée ?) ne représente que 67 % du fromage de gauche : on a transformé en chemin un tiers des ressources extraites en élecricité consommée.

L’idée force de la transition écologique est que les 1.1 % peuvent « remplacer» les 91.3 % dans un avenir discernable.

Je souhaite bien du plaisir à nos dirigeants dans leurs efforts pour faire adhérer MM Trump et Xi-chose à ce credo, ou même les norvégiens et autres saoudiens.

Cette stupidité de base suffit à elle seule à rendre vain l’ensemble du projet.

 

Deuxième sujet

 

Que dirait Kennan ou Kissinger de l’espoir que manifeste Hulot sur l’adhésion des nations à son Projet ? Je crois qu’ils seraient dubitatifs.

Je le suis.

Il est dans l’air du temps de reconnaître la réalité du changement climatique car cela plait aux franges écolos du monde politique de chaque nation et puis aussi, pourquoi-pas, parce qu’on croit à la réalité du phénomène.

Autre chose est de traduire le catalogue des vœux en programme économique.

La concurrence que se livre les nations ne semble en rien s’apaiser et l’attitude récente des anglo-saxons ne pousse pas à l’optimisme dans ce domaine. Ce qui prévaut aujourd’hui est la course aux armements à l’Ouest, à l’Est et au Centre. Comme à la fin du 19ème siècle.

De surcroit, les dirigeants d’un pays donné seraient-ils convaincus, adhérents fervents à la cause, encore faudrait-il qu’ils aient les outils pour faire adopter leur conviction par les populations qu’ils représentent. Faiblesse des démocraties. Seuls les tyranneaux du monde peuvent imposer ce type de politique : ce qu’on appelle maintenant les démocratures sont bien mieux à même d’imposer des changements de l’ampleur suggérer par l’espiègle. Mais il est peu probable qu’au-delà du discours lénifiant des rencontres internationales elles agissent réellement dans le sens d’une réduction réelle de leur consommation en énergie fossiles. Surtout celle dont l’économie repose essentiellement sur son charbon et celles dont les économies reposent essentiellement sur le pétrole et le gaz.

Attendons de voir surgir sur la scène internationale les imitations ferventes du programme de Hulot de la part des signataires de l’accord de Paris, en réponse à ses espérances.

 

L’Énergie n’est pas en dehors du Marché et les Autos non plus

 

Il est vrai que le Marché de l’énergie présente de particularités qui, pendant longtemps, ont conduit à l’idée qu’il n’existait pas à proprement parler, un marché de l’énergie.

Une première raison, triviale : les frais de main d’œuvre sont tout à fait marginaux dans le prix de revient du baril. Le prix reflète le risque (amortissement des recherches infructueuses) et l’ensemble des coûts de mise en œuvre des équipements d’exploration, de production et de transport, amortissement et dépenses directes.

La principale raison est que la rente a dominé le marché : rente favorisée et soutenue par la politique des États-Unis au Moyen Orient visant à maintenir à tout prix des systèmes féodaux mais inféodés, en position dominante et contrôlant les flux de l’offre.

Les choses se sont inversées. Les monarchies vacillent et s’égarent sur des voies de traverse conduisant  au soutien à l’islamisme tout pendant que Russes et Américains retrouvent le chemin de l’indépendance énergétique.

« En même temps » la croissance mondiale ralentit, la demande se stabilise et devient très sensiblement inférieure à l’offre. C’est que les prix étaient devenus aberrants, suffisamment élevés pour relancer toutes les formes possibles  d’explorations et d’exploitations nouvelles.

Les pays du Moyen Orient ne pouvaient que perdre dans ce jeu. 

Le Plan Climat ne nie pas seulement l’existence du Marché de l’Énergie. Il nie également l’existence du Marché de la production industrielle.

M. Hulot décide qu’en 2030 (ou 2020 ou 2050, l’important est que le chiffre qui importe peu, soit bien rond) nous roulerons en voiture électrique. Enfoncés les Colbert et autres planificateurs…

Mais nous ne sommes plus dans le désert industriel de l’immédiat après-guerre sous les tétines d’un bien oublié Plan Marshall ; en ce temps d’avant la bénédiction des 35 heures, en ces temps où les français travaillaient et où les grandes industries naissaient, l’État pouvait dire : nous ferons des avions, nous ferons des barrages. L’État réussissait ou il échouait, mais son discours avait un sens qu’il n’a plus de nos jours. L’État a consacré l’essentiel de ses ressources à convaincre les français, avec succès, que le travail est bien fatigant et qu’il est bien préférable d’être jardinier municipal 12 à 1400 heures par an qu’ouvrier chez Volkswagen à 2000 heures par an comme il y a 50 ans.

Pour les voitures : en 2013, les habitants du globe et en particulier les français achèteront les voitures du Marché, comme les fabricants les auront fabriquées. Ces voitures consommeront les carburants du Marché comme les producteurs de carburant les auront produits. Il se peut qu’il y ait un certain nombre de véhicules électriques dans cette offre du Marché. Cela dépendra des évolutions que la Recherche et le Développement auront réalisées et M. Hulot n’y sera pour rien.

Je vais plus loin : toute tentative pour piloter ces évolutions se traduit par des gênes, des retards, des carences. Des dépense et de la dette.

Derrière tout ce fatras et ce tissu de sottises se cache en réalité un autre animal, bien vivant, bien vorace : la fiscalité. (Un bref complément sur la Taxe Carbone) Espiègle et Autiste  2ème partie.

La construction de Hulot n’est pas que fragile : elle repose sur du vent.

Espiègle : On a bien le droit de rire un peu, Nom de Dieu, dans un monde morose et décliniste. Un peu de fantaisie, que Diable. Je ne vois pas d’autre explication au choix de Hulot pour la fonction qu’on lui a confiée. Alimenter la presse, Moloch insatiable. Provoquer des AVC chez les économistes des plateaux télé. Rasséréner Joly et Duflot. Interloquer Fillon. Le coup de pied pour rire dans la fourmilière.

Autiste : se tirer des balles dans le pied en étant convaincu que votre voisin de palier fera de même alors que vous venez de vous inscrire avec lui ou contre lui au marathon de la prochaine (et dernière) crise internationale. 

Je répète : ni Espiègle, ni Autiste, Stupide et Inculte tout simplement.

 

  1. Je me suis toujours demandé ce que le Bon Dieu avait fait la semaine suivante.
  2. À croire que l’énergie consommée dans la situation actuelle ne sert à rien.
  3. De nos jours, il faut dire « en revanche » : c’est plus chic.
  4. Néanmoins, je continue cependant à utiliser le vocable de Vision pour évoquer le Plan Climat : Hulot m’y autorise.
  5. Le lecteur cherchera le chiffre exact, ou plutôt l’estimation exacte.

 

12 juillet 

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