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Le Naïf dans le Monde
6 mai 2017

Triangles pour tous, à portée de toutes les Bourses

 

 

L’homme politique français, en bon démagogue, à l’écoute du bon sens populaire ne connait pas et refuse de connaître l’incontournable géométrie des Triangles.

Ou encore : l’homme politique français ne sait pas que la France occupe une toute petite place dans ce qui s’appelle le Monde.

Ou encore ainsi que nous le rappelle M. Sérisé : la France n’est pas seule au Monde.

 

Les triangles d’incompatibilité, souvent désignés par le  néologisme trilemme, sont vieux comme…les Grecques puisqu’on attribue à Épicure le premier d’entre eux : Le brave homme se demandait déjà s’il convenait d’adorer des Dieux réputés Bons qui laissent le monde en proie au malheur.

Depuis beaucoup des réflexions sur les équilibres du monde, sur les équilibres de la finance, sur les rapports économiques ont utilisé l’image du triangle pour illustrer les choix qu’imposent des contraintes de plusieurs sources, souvent d’ailleurs plus nombreuses que trois !

Rappelons le triangle dit des trois E : Environnement, Énergie, Économie.

Le triangle de Mundell, celui qui introduit la notion d’incompatibilité : régime de change, politique monétaire, circulation des capitaux.

Celui de Rodrik : intégration économique mondiale, démocratie, souveraineté nationale.

 

Repartons comme nous le faisons souvent dans ces carnets sur des bases plus larges.

L’Homme, notre bipède bavard ne sait pas vivre seul ; il vit avec la femelle car il baise pour se reproduire (cause et effet) et il vit en groupe car le groupe lui assure de la sécurité et du développement. De nombreux groupes d'Hommes se sont organisés et ont revendiqué territoire et ressources. Ces groupes entretiennent entre eux des rapports dont l’histoire nous enseigne qu’ils sont complexes, violents et jamais stables.  Et c’est l’Homme-Individu, petit animal du groupe qui souffre de cette complexité, de cette violence et de cette instabilité.

Quel beau triangle originel : Individu, Nation, Groupe des nations.

 

Ce triangle présente un grand avantage : comme dans un alambic, vous y introduisez un problème, une question qui se pose et vous en extrayez des composants et des liens que vous pourrez ensuite classer selon leur importance et les objectifs de votre réflexion.

 

Un exemple qui vient immédiatement à l’esprit est l’Idée Européenne. Il s’agit d’un « vaste sujet » dans lequel tous les aspects de la vie publique s’entrechoquent : langues, niveaux de vie, régimes politiques, régimes de  protections sociales et pour faire bonne mesure, pratiques religieuses et culturelles, autochtones ou importées. L’individu, tellement mis en valeur dans nos cultures, ne peut se désolidariser de la Nation dans laquelle il «habite» (même si elle lui apparait souvent comme une prison) et cependant il en défend l’autonomie alors qu’il dépend largement pour sa consommation du reste du monde. La nation isolée s’effondrerait économiquement et géopolitiquement et il faut rechercher à renforcer les liens entre les nations, ne serait-ce que pour prévenir les conflits entre nations européennes. Cruel trilemme qui reste le point central du débat politique dans le cher et vieux pays.

 

Peut-être plus simple dans l’analyse et déjà évoquée, la question de la consommation énergétique, de la croissance économique et de la disponibilité de la ressource énergétique. Consommation et croissance concernent l’individu et le groupe, alors que la disponibilité est presque exclusivement l’affaire du groupe. Les nations sont en constante compétition pour garantir cette disponibilité.

L’engouement pour les micro-énergies traduit une tentative de l’Individu de se réapproprier une part venue du ciel de cette disponibilité : curieux mélange de fantasme prométhéen et de « small is beautiful » !

Se positionner a toujours été difficile et l’exercice s’est encore compliqué quand on y a introduit la contrainte globale, à respecter par tous, d’avoir à limiter l’usage des énergies fossiles qui sont de toute façon en cours d’exhaustion. Qui a dit que cette question était plus simple ?

 

Internet et les réseaux dits-sociaux sont évidemment le terme le plus achevé de la mondialisation, au moins dans la partie que nous en percevons par l’usage.

Il est en effet facile d’oublier que ces choses, qu’on qualifie de « délocalisées » ont une présence physique dans les gigantesques usines de « serveurs », « unités de stockage » et autres machines à réfrigérer les composants, dans le même temps qu’elles consomment des quantités importantes d’une énergie électrique qui ne pousse pas sur les branches des arbres. Il est facile d’oublier que pour la plus la plus grande part, ces machines sont dans le pays de Donald Trump.

Accrochons donc l’étiquette internet à un des sommets du triangle. Sur un autre sommet inscrivons l’État avec ses multiples réglementations et labyrinthes administratifs. Sur le troisième sommet notre personnage unique, l’individu. Jetons comme sur une table de jeu au milieu du triangle un problème urbain ordinaire : le transport urbain en voiture…ou dormir dans une ville où l’on ne dispose pas d’hébergement…Déchainement de passions individuelles et passivité des pouvoirs publics –tant mieux- y compris et surtout au plan du maintien de l’ordre –tant pis- !

 

N’oublions pas le plus incompatible de tous les triangles : Liberté, Égalité, Fraternité qui résume merveilleusement l'ambigüité de nos régimes démocratiques et de fait, la difficulté originelle qu’ont les hommes de vivre ensemble sur une terre en fin d’exploitation. Les valeurs de la République sont triangulaires.

Janvier 2017

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