Un problème de vocabulaire : Larousse* à l’aide !

« Qui donc … souhaite empêcher toute réforme du travail, cherche à paralyser les transports ou perturber la distribution d’électricité ? SNCF, EDF, RATP : précisément ceux qui travaillent moins que les autres, bénéficient de l’emploi à vie et d’un généreux régime de retraite. Ceux qui profitent d’un statut hors norme, pour qui l’immobilisme est un combat quotidien, et à qui, vertigineux paradoxe, la loi Travail ne s’adresse aucunement. »  G de C, le Figaro.**

Gaëtan, dans ce raccourci a tout dit.

Il s’agit bien, regroupés sous le séculaire acronyme CGT d’un groupe, très important en nombre, certes, de semi-nantis semi-embourgeoisés concernés par la défense de leurs acquis sociaux, acquis sociaux nichés bien au chaud dans les replis d’un droit du travail dont ils assurent eux-mêmes la mise en œuvre dans le cadre d’un paritarisme centralisé ; ils s’habillent en toute bonne foi de la panoplie du combattant de la lutte des classes des années 1920.

 Ils sont à l’évidence aveugles aux véritables défis du marché de l’emploi dans notre pays. Leur intérêt prime et que les chômeurs jeunes ou vieux se débrouillent dans le grand marais de l'aide publique, lequel se déverse inexorablement dans le flux de la dette. Flux et puits sans fond.

Inutile de rappeler que le pays est soumis à une menace terroriste qui ne saurait manquer de se manifester bientôt et que l’état d’urgence est en vigueur depuis quelques mois et pour encore quelques mois.

Tous les employés de ces entreprises semi-publiques ne sont pas cégétistes, tant s’en faut. Mais pour les Encartés, fussent-ils minoritaires, leur appartenance au groupe et la communauté (la Confédération) de leurs intérêts, de leur vue leur permet d’exercer un rôle dominant sur l’ensemble des personnels. C’est ainsi que s’affirment les minorités agissantes qui  contrôlent le Verbe. Et leur représentant : le Secrétaire Général. Car il dispose d’un credo que l’on ne peut remettre en cause : la défense du droit des travailleurs ! Et lui seul peut lire, interpréter et enseigner ce qui est signifié dans ces mots.

 Grand prêtre, Uléma ou Guru ?

Une idéologie, un zest de soumission aux idées acquises –comme les avantages- et de discipline, voire de l’obéissance…. Que dit Anne Fournier lorsqu’elle nous définit la dérive sectaire….

« C'est la construction d'une allégeance inconditionnelle au sein d'un isolat culturel autoréférent, à caractère expansif dans différents domaines de la vie individuelle et sociale. »

Bon alors, parlera-t-on de secte en évoquant la CGT ?

Non, toutes les dérives sectaires n’y sont pas : personne ne pense que MM Thibault et Martinez se soient enrichis ou ait outrepassé le confort légitime que leur assurait et lui assure les efforts qu’ils ont fait ou qu’il fait pour le bien de son pack. Ridicule l’appartement vincennois de ce pauvre Lepaon ! De la même façon, on ne retiendra pas le déshabillage d’un cadre d’Air France comme un acte de soumission sexuelle à son endroit ( !) encore que le geste ait visé la dégradation physique…

Non, décidément le vocable Secte ne convient pas.

Reste la violence dans l’action syndicale qui n’a pas encore été évoquée : violence des manifestations, assez habituelle celle-là, qui tient en grande partie à ce que manifestation signifie foule (pour qu’on en mesure le succès) et foule conduisant au  «n’importe quoi », la bêtise étant la chose la plus répandue du monde.  

Violence faite au citoyen empêché comme on l’a dit de rejoindre son travail, de s’approvisionner, de recevoir son courrier. Cette violence est celle d’un abus totalitaire du droit de grève devenu droit de la force pour contraindre le corps social dans son ensemble à participer et à subir. On a là une extension de la Soumission à tous. Le mot nous rappelle quelque chose.

 M. Martinez veut que sa parole soit éditée dans tous les quotidiens nationaux quand et comme il le veut ; les journaux refusent le chantage et les ouvriers de l’édition –encore des martyrs- se mettent  opportunément en grève.

Voyons, qui procède de la sorte : faites ce que je dis, sinon ! Vous n’êtes pas de mon avis, vous ne pensez pas comme moi, vous serez privés d’essence. Vous pensez que certaines choses doivent être modifiées dans le monde du travail, vous serez privés de train. Vous croyez avec beaucoup d’autres que le Parlement (pour imparfait que soit le système) a encore quelques résidus de légitimité, vous serez privés d’avion, et d’électricité, pourquoi pas, et de journaux. Comment s’étonner que des enfants entendent qu’il faille mener la lutte jusqu’au bout comme une licence à tuer le gendarme ?***

Mais, on se réveille, ça, c’est la Mafia !

Alors, la CGT, moitié Secte, moitié Mafia ? C’est un vrai travail de sémantique. Un esprit indulgent et en recherche de classicisme retiendra plutôt les mots Guilde, Jurande et Corporation, mots qui sentent bon leur Moyen-Age ou leur eau de Vichy.

Assez plaisanté, le citoyen assiste en ce moment à de véritables et graves ruptures du pacte social, fondement de la République. La France –qui cesse doucement d’être une nation- a-t-elle encore un Etat ?

*   Ne pas confondre l’éditeur des dictionnaires et l’appellation un peu désuète des forces de police, qui n’en sont pas moins concernées dans le propos.

**     G de C a eu la gentille de ne pas citer les employés des raffineries de Total, lesquels, chacun le sait sont exploités jusqu’au sang.

***   Mais il ne faut pas confondre le terrorisme islamique et le terrorisme « bon enfant » des casseurs agissant à la marge des manifs  légitimées par la défense des acquis sociaux.

27 mai 2016

NB : écrit avant l’exemplaire manif devant l’Hôpital Necker…