Quelle drôle d’Idée

J’ai une Idée. Une vraie idée originale, qui modifie (un peu) ma vision du monde. J’en revendique la paternité, au moins jusqu’au moment où quelqu’un de mes amis, plus cultivé que moi me fera remarquer que tel Grec ancien a dit à peu près la même chose il y a 25 siècles.

Si j’émets mon Idée, elle me quitte pour devenir, si elle en a le mérite, une Idée que les Autres m’auront dérobée et qu’ils se seront appropriée.

Mais pour que mon Idée existe, il faut bien qu’elle soit émise.

Si elle n’est pas dite, elle reste en moi et n’a d’existence que « en moi et par moi ». Elle mourra comme moi.

Je veux bien consentir à ma mort. Enfin…

Mais l’idée que mon Idée meure avec moi est insupportable, parce qu’elle m’offre un  ersatz de survie. Et puis elle n’a rien fait qui la destine à être aussi fugace que son propriétaire, elle mérite, qualité oblige, la pérennité de l’espèce ou à minima la pérennité de la Culture de l’époque.

Donc il faut que je la dise et que, me fondant moi-même avec humilité dans la Culture de l’époque, j’accepte de la donner aux Autres.

La transcendance de l’Idée est totalement immanente.

Peut-être une Idée n’est ’elle pas une propriété comme une autre ?

L’orgueil suprême : ne pas dire et tout garder par devers soi.

Dire, c’est prostituer son Idée sans en être le souteneur.

18 octobre 2016