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Le Naïf dans le Monde
29 septembre 2017

Qu’est ce qui ne va pas avec Trump ?

Ma femme, parfois, relit ces textes. J’apprécie qu’elle rectifie –parfois- des redondances ou des lourdeurs et bien sûr qu’elle complète la diligence du correcteur d’orthographe de Word. Dans ce texte, elle me dit que je suis un peu encombré de mon préambule en forme d’histoire de loups, de meutes et de conflits de territoires, de gibier. En fait, elle a dit –ou ai-je cru l’entendre ?- non pas encombré mais empégué. Elle est du coin. L’objet de cet encombrant préambule est une tentative qui vise à faire de situations extraordinairement complexe quelque chose de simple.

La raison du plus fort est toujours la meilleure a dit le poète.

Les philosophes nous disent que de la force nait un droit qui est l’attribut du porteur de la force, son privilège. Dans les relations ente Nations, par États interposés il s’établira de la même façon un Droit des Nations après que la Nation la plus forte l’ait imposé aux autres.  C’est bien ce que Wilson a cru faire en 1918 avec la SDN et ce que Truman mais surtout cette moule d’Eisenhower aurait dû faire en 1945.

L’humanité tâtonne dans ce domaine, n’avance guère et le monde d’aujourd’hui avec les fous sanglants qui le peuplent évoque bizarrement celui des années 1930, avec en prime, épice vulgarisée, la Bombe Atomique.

Les situations sont de plus en plus compliquées et tout le monde, tout le Monde s’y perd.

C’est pourquoi il convient de retourner aux prémices et je maintiens mes loups.

 

Qu’est ce qui ne va pas avec Trump ?

 Il est une grande forêt. De nombreuses clairières et de grandes prairies en rompent la monotonie. Des montagnes animent le paysage et donnent naissance à des fleuves qui donnent naissance à la vie. Elle est bordée de déserts inhospitaliers mais aussi d’océans qui offrent leurs ressources et leurs promesses de rencontres et de voyages.

Des meutes de loups habitent la forêt.

Ils appartiennent tous à la même espèce, c’est-à-dire que n’importe quel loup male peut « faire » des petits à n’importe quelle louve.

Cependant ils sont tous différents : aucun loup n’est semblable à un autre loup et en conséquence aucun groupe de loups n’est semblable à un autre groupe de loups.

Les loups vivent en meutes.

La taille des meutes est variable.

Le male et ses femelles d’abord qui ne se séparent pas car déjà il faut chasser en groupe et qu’il faut, ensemble, élever les louveteaux.

Puis des groupes de familles se forment et on peut utiliser le terme de meute : le groupe chasse alors avec une grande efficacité sous la conduite d’un chef de meute qui organise la chasse et sans doute aussi la répartition et « l’usage » des femelles.

Le chef de la meute est un loup puissant et combatif. De plus il est aidé par une proximité qui est sienne avec « l’esprit de la forêt » qui assoit sa position de chef de meute.

Ces meutes se partagent la forêt et les prairies et les piémonts et les rivages et l’eau des rivières.

Le gibier abonde et les meutes vivent au large les unes des autres. Elles se côtoient, se chamaillent, échangent quelques femelles et puis s’ignorent. Elles ont chacune leur propre « esprit de la forêt ».

Le gibier se raréfie et/ou les meutes grandissent. Les loups sont mécontents et leur mécontentement s’exprime par la voix du chef de meute qui parle avec le verbe de l’esprit de la forêt : « les autres meutes nous privent de notre gibier et le font fuir par l’excès de leur chasse ».

Le chef dit : « Peut-être faudra-t-il se battre avec l’autre meute. Que les guerriers se préparent à ce combat cependant que je vais aller négocier avec le chef de nos rivaux une juste répartition de nos terrains de chasse ».

Le chef de l’autre meute est une fine mouche et tient le même discours à ses loups.

Les chefs se rencontrent.

Les meutes sont de taille comparable et les loups sont également valeureux. Les esprits de la forêt restent dans les cieux et on se répartit forêts, plaines et gibier en tenant compte du tracé des rivières et des versants des montagnes. Dans l’instant le conflit est évité.

Les meutes sont de dimension notoirement différente. Le chef de la petite meute fera allégeance au chef de la grande et lui consentira quelques femelles.

Sinon le conflit se déroulera, la petite meute perdra ses guerriers, son territoire et, la chose est sûre, ses femelles. L’esprit de la forêt du chef puissant aura prévalu sur l’esprit de la forêt du vaincu.

Ainsi se constituent les Empires de loups, leurs Zones d’influence.

Ainsi s’affirme le pouvoir du Vainqueur et de l’esprit de la forêt du vainqueur.

Ainsi fonctionnent la Politique étrangère des loups et leur Diplomatie.

 

Diplomatie est un mot étrange : c’est un mot orphelin, pratiquement sans étymologie, un mot d’une parenté incertaine, récente et purement historique.

À l’origine est le Diplôme : document plié en deux, « acte écrit émanant généralement d'une autorité souveraine ou d'un organisme officiel, conférant ou attestant d'un droit (patente, bulle), d'un titre (nobiliaire, professionnel), d'un honneur (décoration, prix) ou d'un grade universitaire » (wiki).

Le terme n’est pas ancien ; il date du début du 17ème et il s’applique d’abord semble-t-il aux documents concrétisant les accords que des princes concluent entre eux.

L’étude de tels documents, au plan de leur structure, de leur valeur et de leur authenticité, branche annexe des études historique s’appelle la Diplomatique. Au tournant du 18ème siècle, se confirme ce sens de : « étude relative aux diplômes qui règlent les rapports internationaux » (Alain Rey).

Ce n’est qu’à la fin du 18ème que le vocable devient adjectif pour caractériser l’habileté du négociateur telle que les documents la révèlent.

Très vite, le sens évolue encore et apparait le mot Diplomatie qu’utilise nos révolutionnaires (1790) pour définir la « conduite de négociations et de reconnaissances diplomatiques entre les personnes, les groupes ou les nations en réglant un problème sans violence. Utilisée formellement, elle se rapporte habituellement à la diplomatie internationale, la conduite des relations internationales par l’entremise (habituellement) de diplomates professionnels. » (CNRTL)

D’entrée de jeu les lexicologues nous mettent en garde : 

« La diplomatie est la conduite de négociations et de reconnaissances diplomatiques entre les personnes, les groupes ou les nations en réglant un problème sans violence. Utilisée formellement, elle se rapporte habituellement à la diplomatie internationale, la conduite des relations internationales par l’entremise (habituellement) de diplomates professionnels. Une distinction importante existe entre la diplomatie et la politique étrangère, même si elles sont étroitement liées, complémentaires et indispensables l’une à l’autre ». (Wiki)

 C’est qu’il ne faut pas oublier les rapports de force. Si le chef de meute ne dispose pas de ses loups valeureux, aussi habile négociateur soit-il, il n’aura à démontrer son talent que dans la qualité de sa reddition. Il lui faut pour négocier, pour atteindre un objectif « soutenable »*, une certaine capacité à mordre, à nuire à son adversaire, à lui infliger des blessures graves dont la promesse incitera l’opposant à modérer ses prétentions et à rechercher lui-aussi cet équilibre qu’on appelle la paix.

Fut-elle fragile et toujours provisoire.

* comme on dit de nos jours.

 Une politique étrangère repose donc toujours sur cet équilibre subtil qui est de toujours se préparer à la guerre en mettent tout en œuvre pour l’éviter.

 Les « esprits de la forêt » viennent encore perturber ces jeux subtils car ils ont souvent le pouvoir de priver les chefs de meutes et leurs loups valeureux de leur Bon Sens. Interviennent alors dans leurs calculs politiques des éléments irrationnels qui les poussent à adopter des postures qui créent des barrières et réduisent la portée de l’échange diplomatique. Le Bon Dieu cesse d’être bon, Allah est franchement excessif et même le gentil Bouddha favorise mille excès. Tout désaccord est prétexte à bruler l’Autre, à le crucifier ou, dernière tendance, à simplement le décapiter. Le terrain devient délicat pour le diplomate dont le propos doit reposer essentiellement sur sa capacité à « entendre » le dire de l’adversaire, à « s’y faire » puis à ménager du mieux qu’il le peut le point de vue de l’autre en fonction du sien. Cette empathie du diplomate exclut l’a priori du fanatique.

 Oublions maintenant les loups, leurs meutes et leurs esprits de la forêt, oublions l’étymologie du diplomate et venons-en à notre propos : que peut faire Trump dans la situation dans laquelle il s’est enfermé en twittant rageusement ses menaces à l’énigmatique Kim Jong Un ?

 D’abord comment en est-on arrivé à cette situation ? L’exercice est périlleux car il s’agit de qualifier la politique étrangère des États-Unis depuis les conflits qui opposèrent Théodore Roosevelt et Harold Wilson avant, pendant et après la première guerre mondiale, soit depuis un siècle exactement.

 Trois particularités de la vie politique des États-Unis permettent d’aborder ce problème. Ces trais distinctifs sont d’ailleurs imbriqués et de leur analyse résultera peut-être une lecture de l’incohérence (séculaire déjà) de la politique étrangère de ce pays, voire à reconnaître plus carrément son absence de politique étrangère.

Mais ne concluons pas avant d’avoir conduit l’enquête.

A

Le premier de ces caractères est la position messianique qu’ont adoptée les Présidents américains en face de leurs interlocuteurs étrangers. En face est le mot exact : Wilson sait ce qui est bon pour maintenir la paix universelle et l’équilibre des nations. Cette panacée du bonheur de l’humanité est la Justice entre nation telle qu’elle est dite par la démocratie américaine, telle que Wilson la conçoit ou plutôt telle qu’il l’imagine. C’est le Concert des Nations ou plus modestement la Société des Nations. Point n’est besoin d’entendre le point de vue de l’autre puisqu’une règle morale (que le Dieu protecteur des Américains édicte) définit de façon juste ce que l’autre doit faire, comment il doit se gouverner, comment il doit gérer sa propre population. Le modèle américain est le salut de l’espèce. Pour peu que les arrangements internationaux soient favorables aux intérêts des compagnies américaines, pétrolières en particulier, la félicité s’installe.

À l’issue de la première guerre mondiale, le congrès des États-Unis n’a pas suivi Wilson dans son entreprise car le pays se voyait alors américain au sens du continent américain avant que de se percevoir puissance mondiale : les Anglais dominaient encore les mers et l’avion décollait à peine. Cette attitude morale héritée sans doute des pères fondateurs** et de leur puritanisme a prévalue avec une belle constance dans le discours de bien des responsables de la politique étrangère de nos Alliés de toujours.

** aveugles au problème de l’esclavage.

                                                                                B

 Les élections aux États-Unis mettent en évidence le pouvoir des agents économiques : les sommes importantes dépensées par les candidats sont quasi-exclusivement les dons faits par les personnes physiques et morales ayant les moyens de faire ces dons et intérêt à voir le candidat de leur choix accéder à la Présidence. C’est un peu du « business as usual ». On investit et il faut un « return on investment » satisfaisant. Les grands groupes financiers et industriels sont les acteurs de cette comédie démocratique. Plus leur activité est locale, basée sur le territoire, plus ces groupes sont concernés.

On ne comprend rien à Trump si on néglige cette facette de son élection : il a, semble-t-il,  financé lui-même une grande partie des premières phases de sa campagne. Maintenant une des lignes directrices de son action est qu’il en attend les retours, les dividendes, le bénef…Pardi, qu’est-ce que vous croyez ! Et mon mur alors !

Le plus local et un des plus puissants de ces groupes est ce qu’on désigne sous le vocable de complexe militaro-industriel. Il regroupe –mais s’agit-il d’un cartel ?- les industries de l’armement, de l’aéronautique, de la construction navale et donc de l’acier, de l’aluminium et du cuivre ainsi que les auxiliaires du monde de l’information qui mettent en musique toutes les armes fabriquées.

De fait, cette machine d’une puissance écrasante fabrique le Congrès des États-Unis. Certes la réalité de la politique américaine est plus complexe que ne pourrait le laisser supposer ce raccourci et les hasards du populisme ont montré que des imprévus survenaient, mais on mesure également, la coupe étant bue que le Congrès, in fine, est le lieu du pouvoir, fut-il de blocage.

De surcroit cette connivence entre les industriels de l’armement se double de l’inévitable collusion qu’ils entretiennent avec les différents organismes de la Défense. Et ces connivences ne manquent pas au pays de la liberté !

Le plus important, le Département de la Défense a pu jusqu’à une époque assez récente être considéré comme le « Gendarme du Monde », enfin au moins jusqu’à la Bosnie aux dernières lueurs du siècle dernier.

Les effectifs frôlent le million et demi, avant qu’on ait pris en compte la foule des Agences de Renseignement dont la CIA est la plus connue avec environ 200.000 agents sur feuille de paye.

Pour faire taire les mauvaises langues, une remarque : l’actuel directeur de la CIA ne vient pas des industries d’armement ; il dirige un peu banalement une société de services pétroliers. Est-ce une faute de goût ou un retour à la tradition ?

Et qu’est-ce qui peut faire le plus plaisir à un militaire, si ce n’est d’avoir des armes, beaucoup d’armes, encore plus d’armes ?

Et comment un fabricant d’armes ne serait-il pas heureux de les lui fournir ?

 Ces gens font la politique des États-Unis, la définissent et la mettent en œuvre. Militaires et membres du Sénat ont tous comme objectif essentiel le maintien de leur position pour les premiers et leur réélection pour les seconds dans le confort d’inégalités scandaleuses.

 Cette oligarchie en tant que système politique est fondée sur l’argent. Elle ne repose pas sur la culture (une volonté de sélection par la culture, comme en France ou chez les Anglais) ou sur des idéologies (formes dévoyées de certaines cultures, muries dans l’ombre fasciste de mouvements historiques, comme en Turquie et peut-être en Russie). Elle n’opère qu’avec le dollar. Trump élu illustre cette vulgarité à témoigner de sa capacité à diriger les affaires (du monde) par une réussite chaotique dans les projets immobiliers.

Le spectacle de la dernière élection présidentielle a été celui de l’inculture de la classe politique américaine toute issue du milieu des affaires et peu sensible aux répercussions qu’aura l’attitude du pays sur la scène internationale et exclusivement préoccupée par l’opinion de son électorat, ce qu’on peut légitimement qualifier de populisme.

Et l’élite cultivée (ou simplement plus cultivée) de l’Est perd l’élection : ce qui est un drame absolu.

 Ce tableau est outrancier certes, mais constitue cependant une toile de fond qui a servi de décor à des degrés variés au courant du siècle dernier et dès le début de celui que nous vivons, à la vie politique de USA et plus particulièrement à sa politique étrangère.

 Curieux mélange que celui de cet idéalisme wilsonien et de ce pragmatisme « low cost » entièrement piloté en sous-main par des considérations de politique intérieure.

 Et les autres nations n’y comprennent rien.

                                                                                          C

 Car elles s’entretiennent –plus ou moins- avec le Département d’État.

Le rôle du département d'État est de mener la diplomatie officielle des États-Unis. Son budget est relativement faible : 1 % du budget fédéral contre 16 % au département de la défense par exemple. Avant la Seconde Guerre mondiale, le Département d'État constitue l'administration dominant la politique étrangère. Jusqu'en 1968, il prend encore de l'importance, à mesure de l'accroissement de l'intervention des États-Unis dans les affaires mondiales. À partir de cette date, il est de plus en plus concurrencé par d'autres administrations, notamment le département de la Défense et le Conseil de Sécurité Nationale et connaît une certaine perte d'influence. Le Département de la Défense des États-Unis a profité de la période de la guerre froide pour devenir un acteur essentiel de la politique étrangère.  Wiki

Nous cherchions comment exprimer le fait que le State Department n’est plus l’expression de la politique étrangère des USA ; Wikipedia vient à notre aide sans subtilité mais sans se tromper.

Ou encore, les États-Unis n’ont pas de voix diplomatique.

Ou encore : à force de se préparer à la guerre, les États-Unis se mettent dans la situation de ne jamais pouvoir l’éviter.

 Nous vivons en ce moment une période de l’histoire américaine qui met particulièrement en évidence le rôle que joue le Sénat dans la composition du Cabinet du Gouvernement.

C’est en effet le Sénat qui :

donne son accord aux nominations faites par le président des États-Unis pour les postes de :

Membres du cabinet présidentiel,

Secrétaires à la tête des départements fédéraux.

Ambassadeurs et certains hauts fonctionnaires fédéraux.

Juges fédéraux, notamment ceux de la Cour suprême des États-Unis.   Wiki

 

 Il devient facile de comprendre que le Président dans la majorité des cas sera contraint de structurer « son » outil diplomatique, le « State Department » en tenant compte ou même en fonction des vues du Sénat sur les personnalités proposées au poste de Secrétaire et d’Ambassadeur.

La culture géopolitique et historique de la plupart des 100 Sénateurs (2 par État) est matière à spéculation, mais on peut garantir que leurs préoccupations concernent d’abord essentiellement sinon exclusivement la politique locale et leurs rapports avec les puissances d’argent capables d’assurer leur réélection.

 En clair le risque est grand de voir un Département d’État qui soit soumis au Sénat avant même d’avoir à conduire la politique du Président si et quand il en a une.

En clair encore l’animal Diplomatie des USA n’existe pas.

 Des exceptions à cette lourde tendance, des sursauts d’intelligence sous l’impulsion de Présidents moins incultes, des recherches d’équilibre parfois jusqu’au compromis, des épisodes de realpolitik***, on en trouve.

Mais sitôt exprimés, sitôt battus en brèche et affaiblis par la mainmise de la « Défense » et les réactions du Sénat.

Les Clinton, monsieur en Président, madame en Secrétaire, Obama et avant eux, sans nul doute Carter le président martyr et véritable artisan maladroit de la paix auront tenté de développer une véritable diplomatie américaine.

***Richelieu appelait cela la raison d’état. Bismarck a dit la realpolitik ; depuis le mot a beaucoup servi et nous avons pris grand soin de ne pas l’utiliser.

 Il suffit de quelques jours au Président actuel pour réduire à rien les progrès de ses récents prédécesseurs. Ils est dans les rails.

Tillerson au bord de la démission après, quoi ? Trois ou quatre mois d’exercice ! Il est vrai qu’environ la moitié du personnel du Département n’a toujours pas été nommée alors que l’autre moitié n’a pas été confirmée. Le State Department est tout simplement vide.

D’ailleurs, depuis le départ de Mme Jane Hartley en janvier dernier, qui est ambassadeur des États-Unis en France ?

 Business as usual.

 Trump n’y est pour rien, il n’est que « La Voix de l’Amérique ».

 Nous nous gardons bien d’aller plus avant dans le propos : l’Histoire que nous vivons « en direct » nous fournira la conclusion. Kim, dont la diplomatie pourrait laisser à désirer, ferait tout de même bien de réfléchir : il a en face de lui un personnage peu diplomatique.

 

L’Homme est un loup pour l’Homme.

 

 

27 septembre 2017

 

                                                                                  °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

 

Une piqure de rappel suivant Wiki.

Le congrès

Le principe de séparation des pouvoirs voulu par les Pères fondateurs des États-Unis les conduit à tenter de créer « deux branches vigoureuses, actives et combatives en leur octroyant, dans le domaine de la politique étrangère, des rôles significatifs se chevauchant l'un l'autre »1.

La constitution fixe en principe au Congrès le rôle prédominant en politique étrangère (article 1 section 8 de la Constitution des États-Unis). Cependant, les pouvoirs du président ont été réaffirmés à de nombreuses reprises par la Cour suprême, qui dès les années 1930 admettaient par exemple la validité des sole executive agreements, c'est-à-dire d'accords signés par le seul président avec une puissance étrangère, contrairement aux traités qui requièrent l'approbation du Sénat.

En plus des pouvoirs généraux du Congrès s'appliquant aussi à la politique extérieure2, il lui appartient en effet : du point de vue diplomatique : réglementer le commerce extérieur, définir et punir les crimes commis en haute mer ; du point de vue militaire : assurer une défense commune, lever et entretenir les armées et déclarer la guerre. En application du mécanisme des poids et contrepoids (check and balance) régissant la séparation des pouvoirs aux États-Unis le Sénat doit ratifier les traités à la majorité des 2/3 et confirmer les nominations à la majorité simple.

Si le fait que le président soit le symbole de l'unité nationale tend à renforcer son ascendance dans le domaine de la politique étrangère, il demeure que le Congrès a également su reprendre la main dans de nombreuses circonstances (face à Nixon pendant la guerre du Viêt Nam, face à Reagan pour sa politique au Nicaragua, etc.) comme pendant de longues périodes (Entre-deux-guerres, après-Viêt Nam, etc.). Son pouvoir budgétaire et dans les affaires économiques reste prédominant. Et plus encore, il a parfois refusé de ratifier des traités pourtant signés par le président, et qui s'avéraient déterminant sur la scène internationale (Traité de la SDN par exemple, et malgré les efforts du président Wilson).

 

Le Sénat

Le rôle du Sénat des États-Unis est principalement de voter les lois fédérales. La Constitution américaine dispose que l'approbation des deux chambres est nécessaire pour qu'une loi soit ratifiée. Dans une certaine mesure, le Sénat conseille également le gouvernement. Il exerce aussi un certain nombre de pouvoirs exclusifs, qui sont les suivants :

  • donne son accord aux nominations faites par le président des États-Unis pour les postes de :
  • autorise à la majorité des deux tiers (ce qui représente 67 sénateurs sur 100) la ratification des traités par le président ;
  • vote l’impeachment à la majorité des deux tiers à l'encontre d'un membre de l'exécutif (dont le président ou vice-président des États-Unis) ou d'un juge, sur mise en accusation faite par la Chambre des représentants.

Les pouvoirs exclusifs conférés au Sénat sont considérés comme plus importants que ceux de la Chambre de représentants. Ses responsabilités sont donc plus étendues que celles de la Chambre des représentants. Le président des États-Unis ne peut ratifier des traités ou faire des choix importants sans l'avis et le consentement du Sénat.

Il procède à l'élection du vice-président des États-Unis en cas d'égalité de votes des grands électeurs du Collège électoral (dans le cas d'égalité pour l'élection du président, c'est la Chambre des représentants qui procède au vote). Ce cas ne s'est produit qu'une seule fois, en 1837 pour l'élection à la vice-présidence de Richard Mentor Johnson.

Les sénateurs sont moins nombreux et élus pour une durée plus longue que les membres de la Chambre des représentants, ce qui favorise une atmosphère plus collégiale et moins partisane. Cette différenciation était voulue par les rédacteurs de la Constitution. Pour eux, la Chambre des représentants, la « chambre du peuple », devait être sensible à l'opinion publique1 : c'est la « chambre basse ». Le Sénat est quant à lui moins soumis aux contraintes de court-terme : c'est la « chambre haute ». Le nom de sénat fait d'ailleurs référence au Sénat romain, l'assemblée des personnes les plus considérées dans la Rome antique.

 

                                                            °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

 

 

Un complément qui illustre le propos, la faiblesse du State Department et la façon dont Trump apprécie l’action diplomatique de son Secrétaire.  Le Figaro du 03 octobre 2017. Extrait.

Rex Tillerson n'a pas la réputation d'être un naïf ou un velléitaire. Le secrétaire d'État de Donald Trump a plutôt l'habitude de tutoyer les chefs d'État. Raison de plus pour mesurer le trouble qui a dû envahir l'ancien dirigeant du géant pétrolier Exxon Mobil dimanche, après deux tweets rageurs du président américain. «J'ai dit à Rex Tillerson, notre formidable secrétaire d'État, qu'il gaspillait son temps en essayant de négocier avec le Petit Homme Fusée (Kim Jong-un)», a écrit Trump dans un premier temps, avant d'enfoncer le clou: «Sauve ton énergie, Rex, nous ferons ce qui doit être fait!»

Tillerson revenait de Pékin, où il avait confirmé l'existence de «plusieurs canaux directs de communication» avec le régime nord-coréen et s'efforçait de convaincre ses interlocuteurs de sa préférence pour une solution pacifique à la crise nucléaire et balistique nord-coréenne. Sa proverbiale discrétion et son manque de goût pour toute exposition médiatique alimentent depuis plusieurs mois la rumeur d'une démission précoce de l'Administration Trump, d'ici la fin de l'année. Peu friand des tweets présidentiels, il aurait pris l'habitude de les ignorer, tandis que des sources du New York Times évoquent en revanche la frustration grandissante de Donald Trump à l'encontre de son diplomate en chef. Le locataire de la Maison-Blanche aurait ainsi peu apprécié la mission de bons offices de celui-ci à Pékin et ses appels du pied à Pyongyang, préférant une posture ouvertement belliqueuse. Regrettables dissensions: «les tweets de Trump décrédibilisent la visite de Tillerson (en Chine), relève Chistopher Hill, ancien du département d'État sous George W. Bush. Ils laissent ses interlocuteurs s'interroger sur la raison pour laquelle ils perdent leur temps à parler avec lui», alors que le président américain semble suivre une voie moins pacifique.

On a le sentiment que Trump n’a rien d’autre en tête que de trouver la meilleure manière d « entrer en guerre » et que cette position est définitive.

Alors, pourquoi attendre ?

Mais certains commentateurs (optimistes) voit dans ces foucades présidentielles une forme de jeu « Good cop-Bad cop » et que, en réalité les attitudes de Trump et de son secrétaire d’état sont concertées.

En somme le Président batailleur serait au service d’une efficace diplomatie « du pire ».

Peut-être.

 

Complément du 04 octobre 2017

 

 

 

 

 

 

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